Les
villes se lavent de siècles de rats et de choléra, elles se modernisent, elles
font peau neuve. Elles interdisent dorénavant leurs portes aux cirques, aux
forains, au diesel. Alors je regrette déjà les vieux tacots brinquebalants et
fumants, hoquetant et mourant dans un dernier soubresaut de leur mécanique
épuisée. Tant de tour du monde entre Paris et Vierzon. Je me dis que jamais
plus je ne verrai de marchands de gaufres grasses dégoulinantes de Nutella®, de
guichetiers aux doigts sales et râpés, les ongles cassés-noircis-rongés, de
rabatteurs aux voix criardes et nasillardes, il est beau mon manège, sensations
garanties. Adieu aussi les chapiteaux rouges et jaunes, les camions si longs
avec leurs remorques qu’on les prend pour des trains en mieux. Et les costauds
torse nu, muscles saillants, un maillet à la main, la clope au bec. Adieu les
bruits, les odeurs d’huile, de fumier, de sueur, de poussière, la crasse des
cages aux fauves tristes et apathiques. Ours mal léchés, lions neurasthéniques,
les mouches collées aux naseaux, des escarres aux pattes, un vieux bout de
barbaque qui sèche au soleil. Pauvres bêtes, pauvre monde, simplement,
imparfaitement humain, tout doit disparaître ! Place aux plages
parisiennes, aux journées du patrimoine, aux rénovations urbaines.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire